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Santé

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André Léonard

avril 4, 2024

Par Chantal Maillé, présidente du Conseil central des Laurentides-CSN, patiente du réseau de la santé du Québec et résidente d’Argenteuil

J’ai appris que j’avais le cancer du sein en 2020. Il m’a fallu attendre deux mois supplémentaires avant de recevoir le diagnostic final : cancer du sein métastatique, stade quatre. Depuis quatre ans maintenant, je vis avec cette réalité.

Je n’ai jamais arrêté de travailler. J’aurais pu, en fait, je le souhaitais. Histoire d’encaisser la nouvelle et, peut-être, me préparer à mourir. Dans un monde déshumanisé, le médecin de l’époque m’a demandé machinalement : « pourquoi souhaites-tu faire une pause du travail? » J’avoue avoir été surprise par la question. Étrangement et sans raison, je me suis tout de suite sentie coupable. En pleine pandémie, j’ai réorganisé mon horaire de travail accompagné par les membres de mon équipe. J’ai assumé la décision déconnectée de ce médecin.

Je suis à même de constater la dégradation des services de médecine. Je ne parle pas de l’équipe soignante et accompagnante, équipe qui me fait sentir patiente et humaine à part entière (et non cliente ou prestataire de services comme le veut l’expression consacrée). Je parle précisément des médecins que je ne connais pas et pour qui je suis un numéro parmi tant d’autres.

En quatre ans, j’ai aussi vu la disponibilité des services d’hémato-oncologie s’amoindrir. Au début de mes traitements, il y avait deux plages de disponibilité par semaine, puis, une seule et maintenant? Zéro. « Changements temporaires dans les traitements du cancer » titrait un journal de ma région, mais pour combien de temps? Qui dit zéro service de proximité dit aussi recevoir les services dans les plus grands centres, dans mon cas Saint-Eustache, voire Saint-Jérôme.

Je suis sensible à la réalité du manque de médecins et de la pénurie de main-d’œuvre. Ceci dit, investir dans les lieux de travail pour les rendre attrayants serait déjà un pas dans la bonne direction. Au lieu d’ouvrir des cliniques privées subventionnées, investissons dans notre réseau public et donnons les moyens au personnel soignant de faire leur travail.

La population doit de se mobiliser, nous ne pouvons pas attendre que des services ferment les uns après les autres pour bouger. Un système de santé et de services sociaux publics est un choix de société pour les Québécois. Il faut l’entretenir, le choyer, le valoriser.

 

Extrait : Chantal Maillé 

 

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